INTERVIEW DE KHADIDIATOU BA, ÉTUDIANTE SÉNÉGALAISE EN BUT R&T
Découvrez Khadidiatou BA, étudiante sénégalaise en BUT R&T
D'où venez-vous ? Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
Je m’appelle Khadidiatou BA, je viens de Dakar, la capitale du Sénégal. J’ai 20 ans et cela fait deux ans que je suis en France. Actuellement, je suis en deuxième année de BUT R&T, parcours ROM. Mon père, qui avait lui-même étudié en France dès l’âge de 14 ans, m’a beaucoup influencée dans ce choix. Il nous a élevés dans un esprit à la "française", ce qui m’a donné envie de suivre ses traces. À mon époque, il fallait attendre d’avoir le bac pour pouvoir partir étudier en France, donc c’est ce que j’ai fait.
Si vous deviez présenter votre pays d'origine, que diriez-vous ?
Le Sénégal est un pays de convivialité, que l’on surnomme le pays de la "teranga", ce qui signifie hospitalité en wolof. C’est un pays riche en nature avec de nombreuses îles, dont certaines sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous avons aussi des sites historiques, comme l’île de Gorée, un véritable musée à ciel ouvert qui témoigne de l’histoire coloniale. Les Sénégalais sont des gens joyeux, très accueillants, qui aiment partager leur culture. Par exemple, si tu n’as rien à manger à midi, tu peux aller chez ton voisin sans problème.
Pourquoi êtes-vous en France ?
Je suis venue en France pour poursuivre mes études. À Dakar, je suivais une licence à l’École Supérieure Polytechnique d’Informatique, mais la spécialisation R&T y est proposée uniquement au niveau master. Comme j’étais pressée de me spécialiser, j’ai choisi de venir en France pour faire un bachelor R&T à l’IUT. Je voulais aussi une ville calme, sans transport en commun, et c’est comme ça que je suis tombée sur Roanne.
Qu'est-ce que la France représentait pour vous ? Quelle vision/image aviez-vous avant de venir
Pour moi, la France représentait un pays où il fait bon vivre, avec des opportunités professionnelles accessibles grâce à un diplôme. Ce qui n’est pas toujours le cas au Sénégal. Je voyais la France comme une terre d’opportunités.
Qu'est-ce qui vous a le plus surpris à votre arrivée ?
Deux choses m’ont particulièrement marquée. D’abord, l’éducation : au Sénégal, regarder un aîné dans les yeux est considéré comme un signe de défi, alors qu’en France, ne pas le faire est perçu comme un manque de respect. Aussi, la différence dans la conception des "sauces" entre les deux pays : au Sénégal, la sauce est systématiquement à base d’oignons caramélisés. En revanche, en France, ce qu’on appelle "sauces" désigne des condiments comme la mayonnaise, le ketchup ou la moutarde. Cette distinction m’a beaucoup amusée au début !
Quelles sont les plus grandes différences entre votre pays et la France ?
La principale différence est liée à la laïcité. Au Sénégal, les gens ne prêtent pas attention aux religions des uns et des autres. Nous avons des cimetières communs pour musulmans et chrétiens, et nous partageons toutes les fêtes religieuses, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes. Par exemple, les musulmans participent aux fêtes de Noël et les chrétiens célèbrent aussi l’Aïd.
Qu'est-ce qui est le plus difficile dans le fait d'étudier en France ?
Ce qui a été le plus difficile, c’est de vivre seule. Avant de venir ici, je n’avais jamais quitté ma famille. Se débrouiller au quotidien et gérer la solitude étaient un vrai défi. Heureusement, nous sommes une petite communauté de 12 Sénégalais dans ma classe, et nous sommes comme une famille. Nous célébrons toutes les fêtes ensemble, ce qui rend les choses plus faciles.
Est-ce que le fait d'être en France a changé votre regard sur votre pays d'origine ?
Oui, absolument. Je me suis rendu compte qu’au Sénégal, les gens vivent au jour le jour, sans forcément penser à l’avenir. Par exemple, s’ils ont de l’argent, ils organisent une fête sans se soucier du lendemain. Ici, en France, j’ai appris l’importance de planifier sa vie et de penser à l’avenir. Je préfère cette approche.
Est-ce que le fait d'être en France a changé votre regard sur la France ?
Mon regard est resté positif. Je me sens très bien ici. La seule chose qui je n’apprécie pas vraiment sont les démarches administratives, qui peuvent être stressantes. Au Sénégal, ce n’est pas un problème car certaines personnes n’ont même pas d’état civil !
Qu'est-ce que vous appréciez le plus en France ?
Ce que j’aime le plus, c’est de pouvoir étudier dans un environnement multiculturel. J’ai rencontré des gens de différentes nationalités et découvert plein de cultures. Et bien sûr, j’adore les croissants et les pains au chocolat !
Cette expérience internationale vous a-t-elle changé ? Si oui, en quoi ?
Oui, cette expérience m’a énormément changée. Avant, j’avais un esprit très sénégalais, je ne planifiais pas forcément mon avenir. Aujourd’hui, je suis devenue plus autonome, je planifie ma vie et je prends mes décisions seule. Cette expérience m’a aussi donné envie d’intégrer une école d’ingénieur et de rester travailler en France. Je ne me vois plus retourner vivre au Sénégal.