DANS LA PEAU D'UNE DOCTORANTEInterview d'Oumaima Boulkhoukh, doctorante au LASPI
Découvrez le portait d'Oumaima Boulkhoukh, doctorante au LASPI, son parcours, ses recherches ...
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Oumaima, pouvez-vous nous parler de vous et de votre parcours : Où avez-vous étudié ? Quelles études avez-vous effectuées ? Bien sûr, je serais ravie de vous parler de moi et de mon parcours. Je m’appelle Oumaima Boulkhoukh, une jeune marocaine âgée de 25 ans. Après avoir obtenu mon baccalauréat série sciences mathématiques (SMB) en 2016 avec mention bien, j’ai entamé mon parcours universitaire à l’université Cadi Ayyad de Marrakech, Maroc (FSTG-UCA). C’est là que j’ai poursuivi mes études en licence, me spécialisant en Informatique, Électronique, Électrotechnique et Automatique (IEEA). En 2019, j’ai obtenu mon diplôme de licence. Par la suite, j’ai décidé de continuer à approfondir mes connaissances en poursuivant un Master en Génie Électrique, que j’ai également obtenu avec succès deux ans plus tard. Actuellement, je suis inscrite en 3me année de thèse, que je prépare dans le cadre d’une cotutelle entre l’université de Jean Monnet (UJM) (Laboratoire d’Analyse des Signaux et Processus Industriels (LASPI)) et l’université Cadi Ayyad (Laboratoire des Systèmes Électriques, Efficacité Énergétique et Télécommunications (LSEEET)). |
Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir doctorante ?
Ce qui m’a poussé à devenir doctorante est une combinaison de passion pour la recherche et la volonté de devenir professeur de l’enseignement supérieur dans le futur. Depuis le début de mon parcours universitaire, j’ai toujours été guidée par cet objectif. En choisissant de poursuivre un doctorat, je m’engage dans une voie qui me permettra d’approfondir mes connaissances, de développer mes compétences de recherche, et surtout d’acquérir l’expertise nécessaire pour transmettre ces connaissances aux futures générations d’étudiants. Au final, ma passion pour l’enseignement et mon désir de contribuer au domaine académique ont été les moteurs principaux de ma décision de devenir doctorante.
Vous travaillez sur une thèse intitulée « Contribution à la modélisation, à l’analyse et à la commande des flux d’un système hospitalier en utilisant les réseaux de Pétri et l’algèbre des dioïdes ». Pouvez-vous nous la présenter de façon brève et simplifiée ?
Imaginez un lieu où chaque minute compte, où la précision et la coordination sont cruciales, où des vies dépendent de la gestion efficace des ressources. Je vous emmène dans le monde des établissements de santé. Un monde critique et complexe, où la vie des patients et l’efficacité des soins de santé dépendent d’une gestion efficace et optimale. Imaginez un bloc opératoire confronté à des problèmes de gestion, des retards, des conflits de planning, des ressources mal allouées et des coûts en constante augmentation. C’est un défi de taille, et c’est dans ce domaine que je mène mes recherches.
En tant que doctorante au sein du LASPI, plus précisément au sein de l’équipe Génie hospitalier et traitement du signal pour la santé (GHTSS), mon travail de recherche s’inscrit dans une volonté d’apporter des améliorations tangibles dans le domaine de la gestion hospitalière. Pour cela, ma thèse vise à élaborer un outil d’aide à la décision visant à optimiser la planification et l’ordonnancement des opérations chirurgicales, tout en tenant compte des contraintes de limitation et de partage des ressources considérées comme des goulots d’étranglement, telles que les salles d’opérations et les chirurgiens. Pour ce faire, nous proposons une nouvelle approche de modélisation fondée sur l’automatique des systèmes à événements discrets (SED), combinant deux formalismes graphiques et mathématiques: les réseaux de Petri colorés temporisés (RdPCT) et l’algèbre des dioïdes, particulièrement l’algèbre (max, +).
Les réseaux de Petri colorés temporisés sont des outils graphiques et mathématiques permettant de modéliser le comportement dynamique des systèmes à événements discrets, comme les systèmes de production, de transport ou, dans le cas de ma recherche, les systèmes hospitaliers. Le choix des RdPCT est motivé par leur puissance à fournir des modèles graphiques compacts, pertinents et fidèles à la réalité. L’algèbre (max, +), quant à elle, est une structure algébrique appropriée pour obtenir des modèles mathématiques linéaires de systèmes dynamiques et complexes. Dans le contexte de ma thèse, elle est utilisée pour décrire le comportement analytique du système afin d’étudier, d’évaluer et d’optimiser ses performances.
Il est important de noter que ce problème de planification et d’ordonnancement des blocs opératoires a été abordé dans la littérature notamment avec les méthodes de la recherche opérationnelle, mais notre objectif est d’aborder ce problème du point de vue des SED et en utilisant leur théorie. Ainsi, dans le but d’optimiser et d’améliorer davantage les performances du système, nous travaillons sur une approche de commande en temps réel visant à contrôler les aléas et à garantir une gestion efficace et dynamique des ressources hospitalières.
Vous réalisez une thèse en cotutelle entre le LASPI et l’Université Cadi Ayyad de Pouvez- vous nous expliquer le fonctionnement de cette cotutelle ?
La cotutelle de thèse est un projet qui permet à un doctorant de réaliser sa recherche au sein de deux établissements d’enseignement supérieur, le plus souvent dans deux pays différents. Dans mon cas, il s’agit de l’UJM ici en France et de l’UCA au Maroc.
Le principe est le suivant : je suis inscrite en tant que doctorante dans les deux universités simultanément. Je bénéficie ainsi de l’encadrement et des ressources offertes par chacun des établissements, et je suis soumise aux règles et exigences académiques des deux universités. La cotutelle implique également la nomination de deux directeurs de thèse, l’un dans chaque université. Il s’agit pour mon cas du Professeur Ahmed Nait Sidi Moh, côté UJM (Fr), et le Professeur Chakir El Alaoui Elhoucine, côté UCA (Ma). Ces directeurs supervisent mes travaux de recherche et m’apportent leur expertise dans le domaine de ma thèse. Ils assurent également le suivi de mon projet et veillent à ce que les étapes de ma recherche soient conformes aux attentes des deux établissements. En fin de compte, une fois ma thèse achevée et soutenue avec succès, je recevrai deux diplômes de doctorat, chacun délivré par une des deux universités, ce qui atteste de la reconnaissance de mes travaux de recherche dans les deux pays.
Le mot de la fin ?
Je suis reconnaissante pour cette opportunité qui m’a été offerte pour partager mon travail de recherche avec vous. Je tiens à souligner l’importance cruciale de la recherche et de l’innovation dans le domaine de la gestion hospitalière. Les défis auxquels nous sommes confrontés dans la planification et l’ordonnancement des opérations chirurgicales exigent des approches novatrices et des solutions adaptées. Je suis convaincue que mon travail de thèse, axé sur l’utilisation des réseaux de Petri colorés temporisés et de l’algèbre des dioïdes, ouvrira de nouvelles perspectives et contribuera à l’amélioration des pratiques hospitalières. Merci de m’avoir donné l’occasion de vous présenter mon travail et de votre intérêt pour les recherches menées au sein du LASPI.